Histoire et manifeste

Histoire

L’idée de la Veggie Pride a été celle d’un individu (David Olivier) qui en a fait part à une poignée d’autres autour de lui. Les choses ont vraiment démarré le 31 août 2001, lorsque la proposition d’une manifestation qui aurait lieu le 13 octobre à Paris a été lancée sur des listes de discussion sur Internet consacrées aux animaux. Plusieurs personnes se sont déclarées intéressées par ce projet. La liste «veggiepride2001» a été créée le 3 septembre 2001 afin de le concrétiser. C’est sur cette nouvelle liste qu’a été discuté et mis au point le manifeste qui constitue la plate-forme politique de la Veggie Pride.

Quelques semaines plus tard (le samedi 13 octobre 2001), la première Veggie Pride a rassemblé environ 200 manifestants qui ont effectué une marche symbolique autour de la Place des Innocents (la Préfecture de police ayant imposé une manifestation statique).

La manifestation a été suivie par France 3 île de France, dont les images ont été reprises par Canal+ et par Télé 7 Jours, puis de nombreux autres médias ont annoncé ou évoqué l’événement, dont Technikart en France ou NRJ et la Dernière Heure en Belgique.

S’agissant d’une première, organisée en moins de deux mois et avec de faibles moyens, cette couverture médiatique inespérée ainsi que la mobilisation de ces 200 manifestants ont constitué des éléments très encourageants pour les éditions futures.

La seconde édition, qui a bénéficié d’une meilleure préparation, s’est déroulée le samedi 18 mai 2002 à Paris. Elle a rassemblé environ 500 manifestants qui ont défilé entre les places de Jussieu et de la Sorbonne.

La manifestation a, cette fois-ci, été suivie ou annoncée par plusieurs médias nationaux (France 3, France Info, NRJ, RFM, 24 Heures…) et de nombreux médias régionaux ou spécialisés.

L’événement a pris de l’ampleur au cours de cette seconde édition (mobilisation plus importante, soutien d’associations plus nombreuses — en particulier des associations étrangères — et intérêt des médias).

En 2008, une manifestation a été ainsi organisée en Italie à Milan.

La première Veggie Pride internationale s’est déroulée à Genève en Suisse en 2013 et a vu la participation de plus d’un millier de personnes. Elle donnait une place importante à la revendication d’abolition de la viande.

La Veggie Pride 2014 a ramené la manifestation à Paris, où elle a réuni environ 1000 personnes.

La Veggie Pride de 2015 non seulement soutient la revendication d’abolition de la viande, mais proclame en outre désormais explicitement son opposition au spécisme : les difficultés sociales que rencontrent les végétariens, végétaliens et véganes sont l’expression des résistances au changement d’une société fondée sur le spécisme. Cette année, nous décidons d’intégrer au projet de la Veggie Pride la dénonciation du spécisme : le spécisme est l’idéologie fondée sur la discrimination basée sur l’espèce, qui justifie l’exploitation animale. Cette idéologie n’est pas défendable rationnellement et est donc injustifiable : il en découle que l’exploitation animale est injuste. L’hostilité que rencontrent les végétariens et véganes est une conséquence du spécisme et de l’attachement de notre société à exploiter les animaux et à nous définir identitairement comme humains à l’encontre des autres animaux.

L’édition 2016 se place dans la même perspective tout en axant son message sur l’exploitation des animaux aquatiques : poissons, céphalopodes et crustacés.

Jusqu’en 2018, la Veggie Pride a rassemblé plus d’un millier de personnes et les couvertures médiatiques étaient au rendez-vous..

Manifeste

Le Manifeste ci-dessous a été écrit par David Olivier en 2001 et a servi de plateforme aux précédentes Veggie Pride, jusqu’à celle de 2015.

Ce Manifeste historique dénonce la pression sociale anti-végétarienne qui décourage beaucoup de personnes de franchir le pas de refuser concrètement de consommer des produits animaux. Lorsqu’elles font néanmoins le pas, cette pression sociale les décourage de prendre la parole, ou bien vise à les invisibiliser et les ridiculiser de façon à délégitimer ce qu’elles auraient à dire.
Elle freine avec force le développement d’un mouvement animaliste offensif, en rendant très coûteux à beaucoup d’entre nous de marquer concrètement, en refusant de les manger, notre réticence à exploiter les animaux, mais aussi en nous amenant, pour les mêmes raisons, à montrer patte blanche et rendre de nous-mêmes notre discours inoffensif, gentillet.
La marche annuelle de la Veggie Pride nous propose, en manifestant publiquement, collectivement, de nous donner le courage de nous affirmer le reste de l’année comme objecteurs et objectrices à l’exploitation des animaux pour leurs chairs.

Depuis, il est apparu également logique que les personnes qui refusent la consommation de viande pour elles-mêmes, par soucis des animaux sacrifiés, soient aussi partisanes de l’abolition générale de cette pratique : lorsque l’on refuse de cautionner telle ou telle pratique parce qu’elle lèse les intérêts fondamentaux des victimes, il y a des chances pour qu’on considère que tout le monde devrait faire de même.
Nous ne sommes pas seulement des objecteurs et objectrices, nous sommes des opposants et opposantes.

Lisez ici le Manifeste de la Veggie Pride de 2001 :

Nous, les signataires, voulons :

  • Affirmer notre fierté de refuser de faire tuer des animaux pour notre consommation
    Refuser de voler à des êtres sensibles le seul bien qu’ils possèdent, leur propre chair, leur propre vie; refuser de participer à un système concentrationnaire qui fait de cette vie tant qu’elle dure un enfer permanent; refuser de faire ces choses pour le seul plaisir d’un goût, par habitude, par tradition: ce refus devrait être la moindre des choses.
    L’histoire montre cependant à quel point, lorsque la barbarie est la norme sociale, il est difficile de dire non.
    Nous voulons affirmer notre fierté à dire ce « non ».
  • Dénoncer la végéphobie
    Pourtant de cela on veut nous faire honte. Le végétarisme est nié, ignoré, raillé, marginalisé quand il n’est pas diffamé.
    Le végétarisme met en cause la légitimité de la claustration et de la tuerie de milliards d’animaux. Par sa simple existence, il rompt l’omertà. Telle est la raison des rires et de la haine végéphobes.
    Bien sûr on tolère le végétarisme inoffensif, celui qui prétend n’être qu’un choix personnel et invoque l’alibi d’une répugnance anodine, de la santé, de l’environnement ou d’un noble ascétisme. Mais malheur à nous si nous contestons ouvertement l’ordre barbare!
    On commencera par en rire. Se soucier des poules et des vaches est paraît-il ridicule. Le ridicule réprime sans arguments les idées qui dérangent.
    Mais si nous ne plions pas, le rire devient jaune. Nous étions des clowns, nous voici des monstres. Des traîtres à notre espèce puisque nous ne lui donnons pas tous les droits. Des parents indignes car nous n’initions pas nos enfants aux joies carnassières. Des émules des nazis parce que Hitler aimait les chiens. Une secte intolérante puisque nous ne pensons pas comme tout le monde.
    On nous accuse d’être terroristes. Ou d’idolâtrer la nature. Ou de refuser ses lois. Tout est bon pour déformer nos propos. Pour nous faire honte, pour nous rejeter symboliquement hors de la société.
    Nous refusons d’avoir honte de notre compassion. Nous ne voulons plus raser les murs. Nous ne voulons plus nous excuser de ne pas vouloir tuer. Nous sommes là, nous vivons, nous pensons et nous le disons.
  • Affirmer notre existence
    Rien qu’en France, nous sommes des centaines de milliers à dire non au massacre. La plupart des civilisations se sont interrogées sur le bien-fondé du carnivorisme. Qui en entend parler? Le végétarisme est expurgé des manuels et des biographies.
    « L’homme qui mange de la viande ou le chasseur qui s’accorde avec les cruautés de la nature maintient à chaque bouchée de viande ou de poisson que la force fait le droit. » — Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature.
    Affirmer notre existence, dire que nous vivons sans viande, c’est aussi montrer que c’est possible. Nous ne mangeons ni vaches ni porcs, ni poulets ni poissons ni crevettes. Et nous vivons, aussi bien que quiconque, n’en déplaise aux « spécialistes » médiatisés dont la science consiste à nier la réalité. Ni le végétarisme, ni le végétalisme (qui exclut tous les produits de l’exploitation animale, lait et œufs compris) n’ont d’effet négatif particulier sur la santé – les études disponibles montrent même plutôt l’inverse!
    Tuer pour vivre n’est pas une fatalité. Cela n’est nécessaire ni individuellement ni collectivement. Les animaux d’élevage consomment bien plus d’aliments que leurs chairs mortes n’en fournissent. Pourtant, l’argent public est massivement dépensé pour soutenir l’élevage et la pêche.
  • Défendre nos droits
    Aux animaux élevés et tués on n’accorde aucun droit ; mais à nous qui sommes solidaires d’eux on en reconnaît, en principe. Nous entendons exercer pleinement nos droits, parce que ce sont les nôtres, et parce que ce sont les leurs, les seuls qu’ils puissent aujourd’hui, indirectement, posséder.
    Nous avons le droit de manger correctement dans les cantines, au travail comme en prison, à l’école comme à l’hôpital ou dans toute autre collectivité. Nous avons le droit d’élever nos enfants sans leur imposer les produits de l’abattoir.
    Nous demandons que l’on cesse d’utiliser nos impôts pour payer la viande ou le poisson des autres.
    Nous tenons à briser le silence qui est fait sur nos idées. Nous ne voulons plus que le seul discours public sur le sujet soit celui des industriels et intellectuels défenseurs de la consommation carnée.
    Nous demandons que l’on accepte le débat.

Nous sommes le miroir de votre mauvaise conscience
et ce miroir ne se cachera plus

Face aux images des monceaux de cadavres d’animaux « détruits » pour cause d’ESB ou de fièvre aphteuse, nous étions seul-e-s à ne pas ressentir de honte. Pour nous. Nous avions honte pour les autres.
Surtout, nous étions tristes. Si nous tenons à affirmer notre fierté à refuser la barbarie, nous n’en éprouvons pas de satisfaction. Les animaux sont massacrés par milliards. On les tient pour muets, leurs cris ne comptent pas. Nous parlerons pour eux jusqu’à ce que le massacre cesse.

Nous sommes des animaux solidaires de tous les animaux !